Bien chers choristes,
Je manque de foi, c’est désormais certain! Nous avons passé du temps sur le Ubi Caritas de Duruflé, avec les difficultés propres aux dissonances des hommes, la mise en place de l’air des altos accompagnés par les autres voix dans un rythme qui n’a rien d’évident puisqu’il est assez libre et fort peu mesuré ; nous avons terminé la répétition dimanche par des dissonances affreuses que même Mme Grall n’a pas réussi à réaliser dans les horribles pièces de Jean Langlais, et voilà qu’à la communion, le Duruflé est sorti comme d’un chœur angélique! Tempo parfait, respirations et démarrages ensemble, accompagnements des hommes très religieux! Bref je manque de foi en vous !
Ceci dit, là où j’ai foi en vous, c’est que vous serez tous là le 15 mars : nous avons le repas après la messe. Il n’y a rien à préparer : le cuisinier concoctera tout de l’apéritif jusqu’au café ! Cependant, je vais mettre cette semaine un Doodle en place pour vous inscrire au repas car nous avons besoin d’avoir le nombre de convives. Disons que ce tableau sera enlevé le 8 mars. Sur ce même tableau il y aura une autre colonne pour le samedi saint. Je vous demande pour ceux qui savent déjà avec certitude leur présence ou absence de vous inscrire, cela me permettra de prévoir les chants. Merci aussi de remplir vos présences sur le site. C’est important pour tous et chacun, d’un point de vue personnel, mais aussi d’un point de vue social si je puis dire.
Pour la répétition de jeudi, je vous prie de bien vouloir apporter le Miserere de Lotti. Ce n’est pas prévu au programme, mais nous allons continuer à le déchiffrer en espérant même aller au bout. Que les absents des dernières répétitions le visent. De même pour l’Adoramus te de Monteverdi qui n’est pas difficile d’un point de vue harmonique, mais qui demande une bonne articulation et une bonne maîtrise du rythme. Je crois que vous pouvez le trouver sur le site voix séparées.
Pour le trimestre prochain, j’ai commencé à établir un programme. Voici les dates à retenir :
– kermesse le 17 mai
– confirmations le 7 juin après-midi
– premières communions (fête-Dieu) le 14 juin
– communions solennelles le 21 juin
– les 10 et 31 mai le chœur ne chantera pas.
D’autre part, je vous joins une demande assez pressante à propos du pèlerinage de Chartres. Il s’agit de la chorale qui cherche des choristes. Si vous le pouvez, inscrivez-vous, c’est une belle façon de faire le pèlerinage. C’est une chorale de qualité et l’ambiance y est excellente. Il est important que les membres se renouvellent (voilà dix ans déjà que le chef s’en occupe), mais il est aussi urgent de sensibiliser des jeunes à l’œuvre de la musique dans l’église, œuvre liturgique par excellence. Il faut assurer trois messes chantées. Plusieurs jeunes ont des qualités qui ne demandent qu’à être mise au service du culte divin. Pour certains c’est un sacrifice…
Enfin, je voulais vous commenter le paragraphe suivant du Motu proprio de saint Pie X. Toujours dans les principes généraux, le pape pose un deuxième paragraphe :
2. — La musique sacrée doit donc posséder au plus haut point les qualités propres à la liturgie : la sainteté, l’excellence des formes d’où naît spontanément son autre caractère : l’universalité.
Elle doit être sainte, et par suite exclure tout ce qui la rend profane, non seulement en elle-même, mais encore dans la façon dont les exécutants la présentent.
Elle doit être un art véritable; s’il en était autrement, elle ne pourrait avoir sur l’esprit des auditeurs l’influence heureuse que l’Église entend exercer en l’admettant dans sa liturgie.
Mais elle doit aussi être universelle, en ce sens que s’il est permis à chaque nation d’adopter dans les compositions ecclésiastiques les formes particulières qui constituent d’une certaine façon le caractère propre de sa musique, ces formes seront néanmoins subordonnées aux caractères généraux de la musique sacrée, de manière à ce que personne d’une autre nation ne puisse, à leur audition, éprouver une impression fâcheuse.
Après donc avoir donné la place de la musique à l’église, saint Pie X donne désormais les qualités de cette musique. Il en énonce 3 et les explicite. Notez qu’il s’agit de toute musique au service du culte : vocale ou instrumentale, grégorienne ou polyphonique.
La première qualité est la sainteté. C’est normal, puisque l’on vient à l’église pour rendre gloire à Dieu et se sanctifier. A cela s’oppose ce qui est profane. Ce dernier mot vient du latin pro-fanum qui signifie ce qui est devant le temple, hors de ce qui est sacré. Sur ce point, le pape est sobre, et pourtant il parle de la sainteté non seulement de l’œuvre (ce qui exclut des compositions profanes ou reprises au profane), mais de l’exécution. Or on ne donne que ce que l’on a ; voilà pourquoi il est requis une certaine vie intérieure et spirituelle, c’est-à-dire une vie sainte des choristes afin de pouvoir donner à leur exécution cette qualité de sainteté. Quelle noblesse spirituelle, n’est-ce pas ?
Le pape parle ensuite de l’excellence des formes, c’est-à-dire être un art véritable. Là il me faudrait plusieurs pages pour développer ce qu’est un art et en particulier ce qui fait l’excellence de la musique. Retenez qu’il s’agit d’un point de vue purement musical des trois composantes essentielles de la musique, savoir mélodie, harmonie et rythme. Ces trois composantes ont un ordre entre elles et c’est le respect de cet ordre qui en fera un art véritable. Par comparaison, la mélodie serait le sens d’une phrase, l’harmonie la richesse du vocabulaire et la beauté des sons, le rythme la bonne diction et l’énonciation qui « coule ». Vous comprenez que des morceaux sans airs ne peuvent entrer dans l’église : ils n’auraient pas de sens.
Enfin, elle doit être universelle. Saint Pie X est assez explicite sur ce point. Le grégorien possède au plus haut point cette universalité et monseigneur Lefebvre aimait à dire qu’en Afrique, les Africains aimaient chanter le grégorien, en avaient le rythme (et oui…) dans la peau, et le savaient par cœur. Voilà de quoi nous motiver !
Je termine ces quelques mots trop longs en vous souhaitant un saint carême. J’aurais voulu dire un heureux carême, heureux non pas à cause de la mortification que nous nous imposons cruellement, mais heureux à cause des effets bénéfiques de nos généreuses macérations! Puisse ce carême nous libérer davantage des servitudes terrestres et nous faire goûter un peu de liberté spirituelle, liberté si nécessaire à nos interprétations musicales.
Je vous bénis.
Gabriel Billecocq+
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