Les semaines se succèdent et nous voilà déjà arrivés ou presque à la Toussaint. Ce doit être pour chacun d’entre nous une véritable fête de famille. Famille spirituelle, j’entends. Car en fêtant tous les saints qui sont au Ciel, puis ceux qui sont au purgatoire et entreront en Paradis dans quelque temps, nous célébrons l’espérance de notre propre salut. Que ce soit pour chacun d’entre nous une grande consolation et un véritable motif de poursuivre notre combat personnel!
Les trois jours des premier, deux et trois novembre sont assez chargés en matière d’office et de chant. Nous sommes assez peu nombreux puisque plusieurs partent en famille, ce qui est bien légitime. Ce sera aussi le cas pour Noël et la veillée que nous animons. Pour ceux qui restent, cela demande parfois un effort de concentration, de travail et occasionne aussi quelques tensions. Certes, j’attache beaucoup d’importance à ce que notre chant soit beau et digne, et nous y avons parfaitement réussi jusqu’à présent. Mais gardons notre âme plus à Dieu qu’au chant lorsque nous exécutons nos polyphonies afin de ne pas créer ces tensions qui empêcheront la prière. Et tant pis si, lorsque nous sommes peu nombreux, nous échouons. Ceci dit, je demande pour ce jeudi à tous de venir, même à ceux qui seront absents aux fêtes de la Toussaint. Cela facilite l’apprentissage. En revanche, jeudi en huit, ne viendront que ceux qui seront présents le lendemain et jours suivants. C’est aussi l’occasion d’encourager vos connaissances qui en seraient capables à nous rejoindre. Quelques hommes supplémentaires notamment seraient les bienvenus!
Je vous prie de noter aussi que les trompes de chasse viendront le 24 novembre et non le 10. Mais cela ne change pratiquement rien pour nous car ce sont deux dimanches de repos pour le chœur.
Dimanche prochain, nous ne chantons pas non plus. Ceux qui peuvent cependant venir chanter le grégorien seront les bienvenus dans les stalles. La messe n’est pas difficile, et nous ne répéterons pas avant.
Le programme de Noël est quasiment achevé, j’espère pouvoir vous donner les partitions après la Toussaint. Nous commencerons assez rapidement l’apprentissage des partitions afin de ne pas multiplier les répétitions fin décembre. J’en profite pour vous demander de bien vouloir vous inscrire sur le site des présences et absences, au moins par déférence pour le bien commun si je puis dire ainsi.
Enfin, je veux remercier l’engagement de chacun : il y a beaucoup de belles choses dans notre chœur. Tout d’abord un esprit de prière qui se ressent très fortement, et tant mes confrères que les fidèles y sont sensibles. Cet esprit est quelque chose d’intérieur, un souffle, une âme, une foi vivante et une charité effective. Continuons dans ce sens, car nous pouvons encore réaliser beaucoup plus. Tant au niveau de la difficulté (nous exécuterons le Beatus vir de Monteverdi au trimestre prochain) qu’au niveau de la qualité. De ce dernier point de vue, je voudrais vraiment insister (et je me répète!) sur le texte. Certes nous devons encore travailler l’articulation. Mais il faut surtout posséder le texte, ce qui nous manque cruellement. Et c’est normal car nous chantons en latin, langue à laquelle fort peu d’entre vous sont familiarisés. Il n’y a pas de reproche, bien sûr. J’essaie de traduire le texte, parfois de le commenter. C’est cela qui vous le fera posséder. Ensuite, plus vous serez détachés de votre partition musicale (le « par cœur » est l’idéal), plus vous serez attachés au texte. Cela demande beaucoup d’efforts, de répétition, de pénétration des mots et de leur sens. Mais nous y arriverons, car vous avez les qualités pour cela. D’ailleurs, le Sicut cervus que nous avons chanté mélangés lors de la dernière répétition en est la preuve : la partition possédée, l’interprétation devient plus facile. Et la prière est le support du chant.
A ce sujet, vous aurez remarqué que les polyphonies du XVIè et beaucoup du XVIIè ne comportent que peu de nuances. C’est normal : c’est l’époque où le texte prime sur la musique et l’harmonie. Voilà pourquoi tout est question de possession du texte. Les grands effets de nuances sont plus propres aux périodes disons de décadences de la musique d’Eglise : la musique prend presque (je ne veux pas exagérer non plus) le dessus sur le texte. C’est plus impressionnant en termes d’émotion, c’est aussi plus flatteur d’un point de vue sensible, mais malheureusement, c’est un peu moins l’esprit de l’Eglise. Nous y reviendrons avec le motu proprio de saint Pie X.
Il est difficile d’exprimer toutes ces idées par écrit. Aussi, si quelques phrases vous heurtaient, n’hésitez pas à m’en faire part. Parfois, de mon côté, je n’hésiterai pas, comme certains me l’ont demandé, à vous faire quelques observations personnelles en privé. Non pas à titre de remarques ou semonces, mais simplement pour vous aider, en gardant toute la charité possible.
Certains se lasseront peut-être de me lire et de retrouver sans cesse cette invitation à l’intériorité, cette rengaine de la prière. Nous sommes hélas dans un monde tellement aux antipodes de l’esprit chrétien, tellement superficiel, flatteur aux sens ou à la chair, que le fidèle que vous êtes doit toujours être sur ses gardes. C’est un combat pénible pour beaucoup, et vous avez tous ma plus vive compassion. Mais sachez que votre office de chantre à la messe est une source inépuisable de grâces dans votre combat personnel, et pas seulement une détente ou récréation (même si cela peut être très légitimement le cas et tant mieux!). Puissiez-vous donc trouver chaque dimanche un regain d’énergie spirituelle par votre participation à cette noble fonction. A cet effet, je célébrerai régulièrement une messe pour tous les choristes, tant pour vous remercier de votre générosité que pour vous encourager à persévérer dans le bien (et dans le chœur…).
Vous souhaitant d’heureuses et saintes fêtes de la Toussaint et des morts, je vous redis l’assurance de mon entier dévouement sacerdotal.
Gabriel Billecocq+
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