Le mot du Maître de Chapelle

Bien chers choristes,

Le temps file de façon effrayante. Nous voici déjà au début d’une nouvelle année liturgique. Permettez-moi donc de vous présenter mes meilleurs vœux spirituels. Chaque fois que le temps de l’Avent revient, c’est aussi l’espérance et la joie de la venue de notre Sauveur que nous vivons. Puissiez-vous ressentir et vivre de cette joie toute intime.

Il me faut aussi présenter mes plus plates excuses pour le chant O Dieu de clémence hier. Je n’ai pas fait reprendre le refrain comme il se doit à la fin des couplets. C’est le regard sévère et désapprobateur des basses ainsi que leurs gestes comminatoires qui m’ont rappelé à l’ordre! Quant au Rheinberger, il a été tout particulièrement brillant et remarquable de justesse et de nuances en même temps que de profondeur et de vie. Soyez-en félicités. Chanter de façon dispersée nous aide beaucoup. Nous avons cependant un programme assez chargé et plusieurs d’entre vous sont encore assez nouveaux pour être à l’aise dans cette façon de chanter. Mais je crois que cela viendra, et surtout, je remarque et j’entends que certains prennent vraiment de l’assurance avec cette méthode. Tant mieux!

Vous trouverez en ligne sur le site le programme de Noël ainsi que les pistes audio. Il y a un onglet « préparation Noël » dans le menu pistes audio. Merci de bien vouloir aussi renseigner vos présences/absences pour Noël. Nous chanterons ensuite la messe du dimanche 5 janvier. Il n’y aura pas de répétition le jeudi qui précède, mais nous reprendrons des chants de Noël. Nous ferons de même pour la solennité de l’Epiphanie le 12 janvier, même s’il y aura une courte répétition le jeudi 9 janvier.

D’autre part, l’ensemble vocal de Bailly présidé par Vincent Jouanin (le ténor qui nous a aidé en début d’année) projette un petit concert de rue de Noël pour les 14 et 15 décembre. Si certains sont intéressés, ils peuvent joindre Vincent directement : vjouanin@gmail.com

Enfin, je poursuis un peu l’explication du Motu proprio de saint Pie X. Voici le premier paragraphe consacré aux principes généraux :

1. — La musique sacrée, en tant que partie intégrante de la liturgie solennelle, participe à sa fin générale : la gloire de Dieu, la sanctification et l’édification des fidèles. Elle concourt à accroître la dignité et l’éclat des cérémonies ecclésiastiques; et de même que son rôle principal est de revêtir de mélodies appropriées le texte liturgique proposé à l’intelligence des fidèles, sa fin propre est d’ajouter une efficacité plus grande au texte lui-même, et, par ce moyen, d’exciter plus facilement les fidèles à la dévotion et de les mieux disposer à recueillir les fruits de grâces que procure la célébration des Saints Mystères.

Le premier terme sur lequel il faut s’arrêter c’est celui de musique sacrée. Sacré s’oppose à profane, et jusque-là, cela ne pose pas de difficulté. D’ailleurs l’étymologie de profane signifie ce qui est posé devant le temple, c’est-à-dire ne peut pénétrer dans un espace religieux. On comprendra aisément que les chansonnettes n’ont pas leur place à l’église. Mais sacré s’oppose également à religieux. Car il existe des musiques religieuses qui ne sont pas sacrées. Une musique religieuse, c’est une œuvre dont le fond traite du religieux. Cependant, cet adjectif ne suffit pas à en faire une musique sacrée, c’est-à-dire propre aux fonctions liturgiques. Le Requiem de Verdi par exemple est une musique religieuse. Mais pas sacrée. Elle n’a pas sa place dans un office. Le pape développera plus après ce qui caractérise le sacré. Il est cependant important de garder en mémoire la distinction.

Ensuite la musique sacrée est partie intégrante de la liturgie. Il s’agit là d’une expression très forte, car une partie intégrante est une partie requise à la perfection d’un tout. Chaque part d’une tarte est partie intégrante de la tarte. Chaque membre de notre corps est une partie intégrante de ce que nous sommes. Et il y aurait un défaut s’il manquait une partie. La musique sacrée est donc quelque chose d’extrêmement noble puisque la liturgie elle-même la requiert. Nous ne sommes donc pas de simples figurants à l’église, mais nous accomplissons une œuvre d’Eglise, une fonction liturgique, ce n’est pas peu dire. Et comme toute action liturgique, nous devons d’abord viser la gloire de Dieu (et on peut dire que ce doit être l’esprit qui anime toute chorale paroissiale : louer Dieu) et par là nous participons à la sanctification des fidèles. Quelle noblesse, chers choristes, que votre participation à notre chœur. Mais quelle exigence spirituelle aussi, exigence à laquelle je vois bien que vous tendez tous. Deo gratias !

Dernier point soulevé par le pape dans ce si court paragraphe : le texte. Voyez comme il dit que tout dans la musique et son exécution doit être au service du texte. Et c’est normal. Ce qui définit l’homme c’est sa rationalité. C’est donc ce qu’il faut chercher aussi dans l’art et à plus forte raison dans l’art sacré. L’Eglise, en bonne mère et éducatrice, assume tout l’homme : voilà pourquoi la liturgie est si sensible. Mais l’Eglise met de l’ordre : et la sensibilité doit toujours être au service de ce qui est rationnel. Il ne suffit donc pas de chanter, ou même d’éprouver la beauté sensible de ce qui est chanté : la partie sensible ne doit jamais escamoter le texte liturgique qui est chanté. Et si la sensibilité venait à reprendre le dessus, il y aurait un désordre. Désordre qui d’ailleurs s’est introduit largement depuis les réformes du dernier concile. Hélas. Pour nous c’est une exigence que cette compréhension du texte. Et je vous assure que cela s’entend. Un texte chanté n’est pas la même chose qu’un chant bien exécuté. Un enfant peut très bien réciter une poésie. Mais s’il en comprend tout le sens, sa récitation prendra une toute autre tournure : il y aura une âme. De même pour notre propre chant. Prier un texte, c’est mettre une âme à notre chant. C’est la raison pour laquelle j’insiste tant sur le texte et sa signification. Mais je vous assure que j’entends la différence, et tant mieux !

Ces commentaires sont un peu longs par rapport au texte pontifical. Mais on n’imagine pas toujours la densité qui se cache derrière les écrits des papes. Puissiez-vous y trouver un réconfort en même temps qu’une sainte ardeur à toujours tout orienter pour la gloire divine que nous chanterons éternellement! Soyez aussi remerciés de vos efforts à supporter mes radotages.

Avec l’assurance de ma prière reconnaissante et … à ce soir!

Gabriel Billecocq+

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