Le mot du Maître de Chapelle

Chers choristes,

Bravo et merci pour cette bonne répétition.

Je pense que chacun a pu prendre ses repères et surtout, j’espère que vous avez tous pu apprécier. De là où j’étais, c’était superbe. En tout cas très juste et très enlevé: une vraie louange et joie profonde! Les instrumentistes ont vraiment apprécié la qualité du chœur et ils ont bien raison! C’était de qualité!

Voici ce qu’il nous reste à travailler:
– quelques départs doivent être plus précis et plus propres chez les voix d’hommes;
– bien garder le rythme: ça accélère par endroits, rien de bien méchant, mais ça donne une légère imprécision;
– surtout l’articulation: le texte est à peine audible.

Chacun a aussi pu voir les passages plus délicats qu’il lui faudra revoir. Mais je n’insisterai plus tellement sur le Mondonville: nous les reverrons, mais nous n’avons plus besoin de les travailler vraiment je pense.

Un grand merci pour les nombreuses partitions qui sont revenues: j’en ai un bon stock qui pourrait vous donner l’occasion d’oublier les vôtres… ce qu’à Dieu ne plaise!

A demain donc 10h00 en salle des catéchismes pour notre laborieux o sacrum de Charpentier!

Bien à vous.

GB+

Le mot du Maître de Chapelle

Chers choristes

1. Répétition générale

– Demain donc (samedi) nous faisons notre répétition générale en vue du concert.

– Elle commencera à 14h30. Nous ne répéterons que Mondonville. J’espère donc avoir fini avant 16h00.

– Ceux qui veulent assister à la messe de 12h15 peuvent ensuite déjeuner en salle des catéchismes. Si un ou deux hommes pouvaient arriver un peu plus tôt, nous pourrions mettre en place les praticables.

– A la fin de la répétition, nous essaierons de « répéter » le mouvement d’entrée et sortie pour prendre nos places.

– Merci de faire un maximum de publicité pour le concert!

2. Quelques remarques

– A propos des partitions: merci de faire l’effort de prendre vos partitions. Je passe mon année à photocopier en plus pour me retrouver à la toute fin avec des piles de double et triple que l’on me rend. Qu’on les oublie de temps en temps, qu’on se trompe parfois, c’est normal, et cela arrive à tout le monde. Mais quand c’est systématique, ce n’est pas normal: je donne les programmes tout de même assez tôt pour s’organiser! Si certains ne savent pas comment s’y prendre, voici comment je procède: j’ai trois pochettes pour le trimestre: dans la première, en début du trimestre je mets toutes les partitions du trimestre; dans la deuxième, le jeudi, je mets les partitions de la répétition, dans la troisième je mets celles du dimanches. (Bon ensuite, je les range…).

– Demain donc, merci de venir avec vos partitions de Mondonville (et même les doubles si vous en avez!).

– Petite correction pratique: je vous suggère de rayer le H de l’Halleluia de Hassler: je l’écrirai toujours avec un A et non un H.

– Le programmes étant donnés assez tôt, merci de viser ou réviser les partitions chez vous. Le site est bien fait, vous pouvez trouver des guides audios, certains me les demandent et ils ont raison. Je sais que certaines partitions sont difficiles. Je sais aussi que certains ont plus de mal à déchiffrer que d’autres. Je le comprends bien et cela ne me gêne pas. Ce qui m’agace, c’est l’insouciance béate d’arriver en répétition sans trop savoir ce que l’on va chanter et en se laissant aller au petit bonheur la chance, le sourire aux lèvres en se disant que l’on a passé un bon moment quand même. Cette légèreté est à l’opposé de ce qu’exige un travail en groupe, un bien commun, et qui plus est le sérieux à apporter aux cérémonies sacrées. C’est plus une attitude personnelle et intérieure qu’une réalisation objective que je vise. Il est impossible de prier une partition que l’on ne lit que superficiellement. La prière exige de la profondeur.

– Ceci dit, je suis conscient des difficultés qu’ont certains, surtout lorsque c’est la première année. Pas de tension inutile donc, quand on a fait ce qu’on a pu, on a fait ce qu’on a dû. Mais ne vous dites pas que le voisin fera bien et que vous n’aurez qu’à vous appuyer sur lui: je compte sur tous et chacun, c’est certain!

– Je sais aussi que certaines partitions plaisent plus que d’autres et cela varie de l’un à l’autre. Il en va de même pour moi, rassurez-vous! Mon but est d’offrir un large panel de musique religieuse (c’est cela la catholicité!), de découvrir d’autres choses, et aussi de nous exercer à des choses un peu pénibles… Il y a toujours un sacrifice quand il s’agit d’œuvres religieuses!

– De fait, nos jeudis soirs sont des moments de détente pour tous, et j’entends bien qu’ils le restent. Ces remarques ne sont pas là pour vous agacer ni vous charger et je serai bien en peine de vous avoir blessé. Je connais votre dévouement et vous en remercie infiniment. Mais ce moment sympathique est un bien commun que tous doivent entretenir par leur activité. C’est le sens de ces remarques.

– Certes, la semaine sainte a été très réussie. Alors je comprends ce moment de relâche. Pourvu donc que ce ne soit qu’un instant!

Vous me direz que le carême est fini et que vous pensiez donc en avoir fini avec les bonnes résolutions… Je ne veux pas faire l’effet du rabat-joie! Soyez donc assurés de ma profonde et sincère gratitude pour votre participation à la beauté liturgique.

A la joie de nous revoir donc demain pour un autre sublime moments. Puissent vos sacrifices consentis pour la musique sacrée être récompensés dès ici-bas en attendant les mérites qu’ils vous vaudront dans l’éternité!

GB+

Le mot du Maître de Chapelle

Chers choristes,

Permettez-moi ce petit mot pour vous transmettre deux nouvelles:

1° La première concerne l’une de nos anciennes choristes, Sylvie-Anne Lemoine (elle a fait 8 mois environ avec nous l’an passé). Elle est à l’agonie, et il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre ici-bas. Ayons à cœur de bien prier pour son éternité. L’abbé Petrucci lui a donné l’extrême onction et a pu encore la visiter la semaine dernière pour lui porter la communion.

2° Ensuite, Vincent Jouanin, qui dirige l’ensemble vocal de Bailly lequel s’est déjà produit à Saint-Nicolas, m’a contacté pour me proposer de faire un concert commun en fin d’année scolaire. Il me propose de diriger une partie du concert et lui dirigerait une deuxième partie. Je pense que c’est une bonne idée et qui pourrait mettre un peu de piment parmi nos morceaux. J’ai donc accepté. Il envisage d’interpréter 3 motets de Bach. Pour ma part, j’ai l’ambition de monter le Dominus regnavit de Mondonville. Je vous mets toutes les partitions du chœur en pièce jointe. Notez que je baisserai d’un ton (ce sera très bas pour les alti) le Mondonville conformément à l’exécution qu’en fait William Christie.
Il est entendu que notre priorité reste la liturgie, et par là la piété et l’exécution religieuse et priante de nos œuvres sacrées. Pour ne pas nuire à notre programme, j’espère vous envoyer très rapidement les pistes audio par voix afin de faciliter l’apprentissage.
J’espère aussi que ce concept ne vous rebutera pas.

Nous nous retrouvons donc jeudi prochain à l’issue de la messe de 18h30, j’espère pour la plus grande joie de tous et chacun.

Bien à vous.

GB+

Le mot du Maître de Chapelle

Bien chers choristes,

Le 15 août marque dans la Fraternité saint Pie X la reprise de l’année (et la fin des vacances!). C’est à cette date que chacun a pris son (nouveau) poste. Sous le patronage de Notre Dame. 

Comme la plupart d’entre vous le savent déjà, Saint-Nicolas n’a pas échappé à la vague des mutations.

– L’abbé de Pluvié nous a quitté pour Caen où il reprendra l’école primaire. C’est l’abbé Callier qui le remplacera à l’école, laissant ainsi sa charge du MJCF à l’abbé Portail.

– Nous accueillons un prêtre supplémentaire, puisque l’abbé de Crécy est nommé à Saint-Nicolas. Il aura quelques gardes, j’espère par là être un peu déchargé.

– Enfin, et surtout, frère Benoît-Joseph est muté à l’école des Carmes. C’est une mutation qui l’affecte et nous affecte aussi, mais son esprit surnaturel le rend admirable: nous travaillons tous pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. Il est encore à Saint-Nicolas jusqu’au 19 août. Les maraudes et jeunes pro organisent un petit pot dans la crypte le 18 au soir. N’hésitez pas à venir le saluer si vous voulez. D’autre part, les frères ayant fait vœu de pauvreté n’ont rien à eux que le nécessaire. Mais ils n’ont pas d’argent ni de compte. Certains fidèles ont décidé de lui offrir deux soutanes. Si vous vouliez y participer, je vous transmets le lien. https://lydia-app.com/collect/39639-depart-frere-benoit-joseph/fr

Il sera remplacé par frère Ronan qui viendra chanter avec nous dans le pupitre des basses/barytons.

Vous trouverez ci-joint les programmes pour le trimestre à venir. J’ai dû mettre un dimanche de repos dès le deuxième dimanche à cause de la rentrée scoute et de la kermesse.

Le programme de répétitions s’étend jusqu’à la Toussaint. Une répétition sautera (le 7 out le 14 octobre) parce que je n’ai pas encore suivi ma retraite annuelle. Maintenons le début de la répétions à 19h15 après la messe de 18h30.

Je ne sais pas de quoi sera faite cette nouvelle année. Je ne scannerai pas vos QR code en début de répétitions (🤣). Tant de personnes et même parmi vous sont tellement désemparées, attristées ou même simplement affectées par ce que nous vivons, qu’il est important de bien maintenir l’ardeur, l’enthousiasme et la charité dans notre bonne et chère chorale. Vous l’avez tous fait remarquablement les années précédentes. Que Notre Dame et sainte Cécile vous donne de persévérer dans cette joie surnaturelle qui nous porte et nous repose.

En ce grand jour, je vous souhaite, chers choristes, une heureuse fête de l’Assomption, vous redisant l’assurance de mon dévouement et de ma prière à l’autel à toutes vos intentions.

A jeudi 2 septembre!

Gabriel Billecocq+

Le mot du Maître de Chapelle

Bien chers choristes,

Cette année scolaire a été très spéciale a beaucoup d’égards. Le plus marquant sans doute pour nous catholiques est de n’avoir pu fêter Pâques ni célébrer la semaine sainte dignement. Nous sommes finalement passé du début du carême à la Pentecôte… et l’année s’est achevée!

Un grand merci cependant pour votre inlassable dévouement et don de vous-même. Nous pouvons dire que nous avons fini l’année sur une bonne note! Le Magnificat a été brillant, juste et bien envolé. Et notre dernier Gloria a été une véritable louange. Les fidèles ont été marqués par la beauté intérieure des chants. Et je dois même vous dire que l’abbé Puga a été distrait dans les confessions dimanche dernier à cause (ou plutôt grâce) au Magnificat qu’il a très apprécié. Ce n’est pas peu dire car il ne se cache pas de n’être pas musicien… Quant au curé, il a trouvé le Magnificat si beau qu’il n’a pu s’empêcher de deviner que le compositeur était italien!

Il faut cependant avouer que chanter dispersés nous aide beaucoup. D’une part pour la justesse, ce qui est important. D’autre part pour le rythme puisque chaque voix entend les autres. Mais surtout pour l’homogénéité. Car même si nous sommes plusieurs personnes, de conditions, d’éducation, de sensibilité différentes, nous ne formons qu’un lorsque nous chantons, et nous devons vivre cette complicité dans le chant. Personne ne chante une voix, ou une note, individuellement: nous chantons la même partition! Et cette unité se ressent, et le public l’entend. Alors un grand merci pour votre complicité qui vient de votre vie intérieure d’abord et de votre bonne humeur et joie à chanter.

J’aurais voulu faire un repas de fin d’année, mais je dois avouer que je ne savais pas comment se finirait cette année, étant donné les problèmes et restrictions sanitaires. Ce n’est que partie remise! Du reste la Providence a été bonne puisque nous avons pu prendre notre repas choral le dernier dimanche où nous étions ensemble. Nous avons eu trois mois pour digérer cette copieuse et délicieuse choucroute…

Je dirai une messe ce mois-ci en action de grâce à la Providence d’abord qui nous permet de l’honorer tous les dimanches et à toutes vos intentions ensuite afin que le Bon Dieu vous comble de sa largesse pour votre générosité.

L’an prochain, Martin Bonnaud nous quitte pour continuer ses études dans le sud! Perdre un ténor est toujours une douleur (je sais bien que les basses diront avec mauvais esprit qu’entendre un ténor est toujours une douleur!) et j’espère bien qu’un autre prendra sa place. D’autant plus qu’Emmanuel Mathieu risque aussi de nous quitter dans le cours de l’année. Quelle tragédie! Mais à la grâce de Dieu. Claire de Bonnafos m’avait annoncé son départ l’an prochain, mais nous aurons finalement la joie de la garder parmi nous!

J’ai déjà quelques partitions ambitieuses pour l’an prochain (en plus de celles de cette année). Il y a de délicieux chants à 6 ou 7 voix qui vous charmeront sans doute.

Pour l’instant, l’heure est au repos! Je vous souhaite donc d’heureuses vacances, un sain(t) repos, vous renouvelant ma plus vive gratitude ainsi que l’assurance de ma prière pour chacun d’entre vous! Et à la joie de nous retrouver en septembre, probablement pour le premier dimanche qui sera la solennité de saint Pie X.

Je vous bénis.

Gabriel Billecocq+

PS: ci joint un petit exercice de lecture de notes pour ne pas perdre les bonnes habitudes! (voir la page « Humour » pour le visualiser)

Le mot du Maître de Chapelle

Bien chers choristes,

Je manque de foi, c’est désormais certain! Nous avons passé du temps sur le Ubi Caritas de Duruflé, avec les difficultés propres aux dissonances des hommes, la mise en place de l’air des altos accompagnés par les autres voix dans un rythme qui n’a rien d’évident puisqu’il est assez libre et fort peu mesuré ; nous avons terminé la répétition dimanche par des dissonances affreuses que même Mme Grall n’a pas réussi à réaliser dans les horribles pièces de Jean Langlais, et voilà qu’à la communion, le Duruflé est sorti comme d’un chœur angélique! Tempo parfait, respirations et démarrages ensemble, accompagnements des hommes très religieux! Bref je manque de foi en vous !

Ceci dit, là où j’ai foi en vous, c’est que vous serez tous là le 15 mars : nous avons le repas après la messe. Il n’y a rien à préparer : le cuisinier concoctera tout de l’apéritif jusqu’au café ! Cependant, je vais mettre cette semaine un Doodle en place pour vous inscrire au repas car nous avons besoin d’avoir le nombre de convives. Disons que ce tableau sera enlevé le 8 mars. Sur ce même tableau il y aura une autre colonne pour le samedi saint. Je vous demande pour ceux qui savent déjà avec certitude leur présence ou absence de vous inscrire, cela me permettra de prévoir les chants. Merci aussi de remplir vos présences sur le site. C’est important pour tous et chacun, d’un point de vue personnel, mais aussi d’un point de vue social si je puis dire.

Pour la répétition de jeudi, je vous prie de bien vouloir apporter le Miserere de Lotti. Ce n’est pas prévu au programme, mais nous allons continuer à le déchiffrer en espérant même aller au bout. Que les absents des dernières répétitions le visent. De même pour l’Adoramus te de Monteverdi qui n’est pas difficile d’un point de vue harmonique, mais qui demande une bonne articulation et une bonne maîtrise du rythme. Je crois que vous pouvez le trouver sur le site voix séparées.

Pour le trimestre prochain, j’ai commencé à établir un programme. Voici les dates à retenir :

– kermesse le 17 mai

– confirmations le 7 juin après-midi

– premières communions (fête-Dieu) le 14 juin

– communions solennelles le 21 juin

– les 10 et 31 mai le chœur ne chantera pas.

D’autre part, je vous joins une demande assez pressante à propos du pèlerinage de Chartres. Il s’agit de la chorale qui cherche des choristes. Si vous le pouvez, inscrivez-vous, c’est une belle façon de faire le pèlerinage. C’est une chorale de qualité et l’ambiance y est excellente. Il est important que les membres se renouvellent (voilà dix ans déjà que le chef s’en occupe), mais il est aussi urgent de sensibiliser des jeunes à l’œuvre de la musique dans l’église, œuvre liturgique par excellence. Il faut assurer trois messes chantées. Plusieurs jeunes ont des qualités qui ne demandent qu’à être mise au service du culte divin. Pour certains c’est un sacrifice…

Enfin, je voulais vous commenter le paragraphe suivant du Motu proprio de saint Pie X. Toujours dans les principes généraux, le pape pose un deuxième paragraphe :

2. — La musique sacrée doit donc posséder au plus haut point les qualités propres à la liturgie : la sainteté, l’excellence des formes d’où naît spontanément son autre caractère : l’universalité.

Elle doit être sainte, et par suite exclure tout ce qui la rend profane, non seulement en elle-même, mais encore dans la façon dont les exécutants la présentent.

Elle doit être un art véritable; s’il en était autrement, elle ne pourrait avoir sur l’esprit des auditeurs l’influence heureuse que l’Église entend exercer en l’admettant dans sa liturgie.

Mais elle doit aussi être universelle, en ce sens que s’il est permis à chaque nation d’adopter dans les compositions ecclésiastiques les formes particulières qui constituent d’une certaine façon le caractère propre de sa musique, ces formes seront néanmoins subordonnées aux caractères généraux de la musique sacrée, de manière à ce que personne d’une autre nation ne puisse, à leur audition, éprouver une impression fâcheuse.

Après donc avoir donné la place de la musique à l’église, saint Pie X donne désormais les qualités de cette musique. Il en énonce 3 et les explicite. Notez qu’il s’agit de toute musique au service du culte : vocale ou instrumentale, grégorienne ou polyphonique.

La première qualité est la sainteté. C’est normal, puisque l’on vient à l’église pour rendre gloire à Dieu et se sanctifier. A cela s’oppose ce qui est profane. Ce dernier mot vient du latin pro-fanum qui signifie ce qui est devant le temple, hors de ce qui est sacré. Sur ce point, le pape est sobre, et pourtant il parle de la sainteté non seulement de l’œuvre (ce qui exclut des compositions profanes ou reprises au profane), mais de l’exécution. Or on ne donne que ce que l’on a ; voilà pourquoi il est requis une certaine vie intérieure et spirituelle, c’est-à-dire une vie sainte des choristes afin de pouvoir donner à leur exécution cette qualité de sainteté. Quelle noblesse spirituelle, n’est-ce pas ?

Le pape parle ensuite de l’excellence des formes, c’est-à-dire être un art véritable. Là il me faudrait plusieurs pages pour développer ce qu’est un art et en particulier ce qui fait l’excellence de la musique. Retenez qu’il s’agit d’un point de vue purement musical des trois composantes essentielles de la musique, savoir mélodie, harmonie et rythme. Ces trois composantes ont un ordre entre elles et c’est le respect de cet ordre qui en fera un art véritable. Par comparaison, la mélodie serait le sens d’une phrase, l’harmonie la richesse du vocabulaire et la beauté des sons, le rythme la bonne diction et l’énonciation qui « coule ». Vous comprenez que des morceaux sans airs ne peuvent entrer dans l’église : ils n’auraient pas de sens.

Enfin, elle doit être universelle. Saint Pie X est assez explicite sur ce point. Le grégorien possède au plus haut point cette universalité et monseigneur Lefebvre aimait à dire qu’en Afrique, les Africains aimaient chanter le grégorien, en avaient le rythme (et oui…) dans la peau, et le savaient par cœur. Voilà de quoi nous motiver !

Je termine ces quelques mots trop longs en vous souhaitant un saint carême. J’aurais voulu dire un heureux carême, heureux non pas à cause de la mortification que nous nous imposons cruellement, mais heureux à cause des effets bénéfiques de nos généreuses macérations! Puisse ce carême nous libérer davantage des servitudes terrestres et nous faire goûter un peu de liberté spirituelle, liberté si nécessaire à nos interprétations musicales.

Je vous bénis.

Gabriel Billecocq+

Le mot du Maître de Chapelle

Bien chers choristes,

Vous trouverez joint à cette lettre l’enregistrement du Hassler qui a été pris jeudi dernier à la répétition. Le son est capté d’un téléphone portable et derrière le chœur. Mieux vaut écouter avec casque pour avoir un meilleur rendu. Mais je vous avoue que c’est plutôt pas mal compte tenu de l’enregistrement. Bien enlevé, assez homogène. Bref, très prometteur. Cependant, on ressent une certaine crispation! Ce qui est normal : la partition est difficile et nouvelle de cette année. Et pour les sopranos, c’est assez tendu puisque toujours sur le fa aigu.

Cet enregistrement manifeste finalement que chanter, c’est plaisant mais difficile. En effet, il faut tenir compte de plusieurs données lorsque l’on exécute une partition.

Tout d’abord il y a un réel travail physique. La tenue du corps, la souplesse au niveau des cervicales et des épaules, la bonification des muscles abdominaux sans compter les efforts des masséters. Tout cela il faut sans cesse le prendre en compte pour ne pas donner un son mou, mal maîtriser et sans beauté.

A cette donnée physique, il faut rajouter la part psychologique inhérente au chant. Car il ne s’agit pas que d’un exercice du corps ou même une perfection du son qu’il faudrait atteindre. Parce que l’homme est rationnel, tout ce qu’il fait porte la marque ou l’empreinte de la raison. Ainsi pour le chant d’Eglise, l’aspect rationnel se trouve dans les paroles qui sont chantées. D’abord prononcées, mais ensuite chantées : ce sont les paroles qui supportent le chant, c’est pour elles que la mélodie est faite et elle s’ordonne vraiment à l’intelligence que sous-tendent les paroles. C’est en ce sens que l’on peut dire qu’on chante plus que de la musique : on chante un texte.

C’est sur ce texte qu’à l’Eglise, il nous faut ajouter la part spirituelle que nous devons prendre. Permettez-moi de vous féliciter sur ce point car ce sont des éloges que l’on me fait souvent du chœur et que je partage volontiers. La prière de l’âme soutient le texte et par là le chant. C’est donc une attitude surnaturelle qui met le souffle et la vie aux compositions que nous interprétons, et ce n’est pas une petite chose. Et ce n’est pas une mince affaire ; au contraire, il y a une vraie charge et une certaine noblesse à prier notre chant : n’est-ce pas ce que l’Eglise fait faire elle-même au prêtre à l’autel même pendant le canon pour la Préface et le Pater ? C’est aussi par le chant que l’Eglise nous fait prier en commun lorsque nous récitons notre office au chœur ou que nous chantons les vêpres le dimanche après-midi.

Mais ce n’est pas tout. Le chant a une dimension essentiellement politique. Politique au sens où de plusieurs nous réalisons une unité. En effet, nous chantons à plusieurs voix, mais nous chantons une pièce. Là encore se trouve une vraie difficulté car cela suppose que nous nous écoutions, que nous apprenions à toujours chanter ensemble. Cela demande aussi l’abnégation de nous supporter parfois les uns les autres. C’est cette dimension qui nous oblige aussi à ne pas chanter uniquement notre voix, mais à faire en sorte que notre voix se fonde dans le tout et l’unité du chant. Là se trouve la beauté musicale : nous coordonner et avoir un agir commun.

Voilà chers choristes ce que nous faisons chaque semaine. Quand on y regarde de près, on s’aperçoit qu’il s’agit là d’une véritable école de vie personnelle, sociale et religieuse! C’est formidable, mais je comprends aussi que ce soit un sacrifice ou parfois source de difficulté. Courage !

Finalement, s’il fallait résumer d’un mot toutes ces caractéristiques, je vous dirais gardez toujours la joie de chanter. Nous le savons, la joie assouplit et détend le corps, elle nous fait pénétrer la compréhension des textes et de la musique qui s’y ordonne, elle nous aide et nous apprend à nous côtoyer, enfin, elle est un fruit de la charité et permet de goûter les réalités divines que Dieu nous dispense dans la mesure de notre générosité. Ayez la joie de chanter ensemble, comme cette complicité de nous compléter et « fabriquer » ensemble cette prière que nous offrons à Dieu et aux fidèles. Il est vrai que l’idéal serait de chanter par cœur. Mais ce n’est pas évident : chaque dimanche, les pièces sont différentes! Mais le par cœur dit bien la chose, car c’est le cœur qui pénètre et goûte l’art.

Jeudi prochain, nous commencerons par le O sacrum de Pergolèse. La deuxième partie est une peu plus halante, et peut-être difficile pour ceux qui ne l’auraient jamais vue. Ensuite nous travaillerons le Beatus. Vincent Rigot ne peut pas venir, mais l’organiste de dimanche dernier, Philippe Ourselin, professionnel de son métier et cherchant plutôt à exercer dans les paroisses traditionnelles, a accepté de venir. Ce sera mieux d’avoir l’orgue pour les enchaînements. Nous terminerons par l’Exultate.

Il me faut achever en réparant l’ignorance avec laquelle j’ai été incapable de satisfaire votre juste demande jeudi dernier. Tabescet est le futur du verbe tabesco qui signifie littéralement se liquéfier, fondre et par là dépérir ou se consumer. Je vous joins juste après une traduction assez littérale du Beatus, ce qui vous permettra d’y mettre toute votre conviction en le chantant !

Soyez bien vivement remerciés de votre générosité, de votre joie et de votre bonne humeur au chœur, et ce malgré toutes les difficultés qui ont pu être rencontrées particulièrement ces dernières semaines avec les troubles sociaux que nous avons connus. Que le Bon Dieu vous le rende au centuple dès ici-bas !

Gabriel Billecocq+

Beatus vir qui timet Dominum :
In mandatis ejus volet nimis.

Bien heureux l’homme qui craint le Seigneur
il met ses délices dans ses commandements.

Potens in terra erit semen ejus :
Generatio rectorum benedicetur.

Sa descendance sera puissante sur la terre,
La lignée des hommes justes sera bénie.

Gloria et divitiæ in domo ejus :
Et justitia ejus manet in sæculum sæculi.

Gloire et richesse seront dans sa maison
et sa justice demeure à jamais.

Exortum est in tenebris lumen rectis :
misericors et miserator et justus.

Une lumière s’est levée dans les ténèbres pour les hommes droits
Il est miséricordieux, compatissant et juste.

Jucundus homo qui miseretur et commodat,
Disponet sermones suos in judicio :
Quia in æternum non commovébitur.

Heureux l’homme qui compatit et qui prête,
qui prononce ses paroles avec discernement
car il ne sera jamais ébranlé.

In memoria æterna erit justus :
Ab auditione mala non timebit.

La mémoire du juste sera éternelle,
il ne craindra pas l’annonce du malheur.

Paratum cor ejus sperare in Domino,
Confirmatum est cor ejus :
Non commovebitur donec despiciat inimicos suos.

Son cœur est disposé à espérer dans le Seigneur,
il est affermi, il ne sera pas ébranlé
jusqu’à ce qu’il voie avec mépris ses ennemis.

Dispersit, dedit pauperibus :
Justitia ejus manet in sæculum sæculi :
Cornu ejus exaltabitur in gloria.

Il est prodigue et donne aux pauvres
Sa justice demeure pour l’éternité.
Sa puissance sera exaltée dans la gloire.

Peccator videbit et irascetur,
Dentibus suis fremet, et tabescet :
Desiderium peccatorum peribit.

Le pécheur le verra et s’irritera,
il grincera des dents et se consumera de dépit,
le désir des pécheurs périra.

Le mot du Maître de Chapelle

Bien chers choristes,

Le temps file de façon effrayante. Nous voici déjà au début d’une nouvelle année liturgique. Permettez-moi donc de vous présenter mes meilleurs vœux spirituels. Chaque fois que le temps de l’Avent revient, c’est aussi l’espérance et la joie de la venue de notre Sauveur que nous vivons. Puissiez-vous ressentir et vivre de cette joie toute intime.

Il me faut aussi présenter mes plus plates excuses pour le chant O Dieu de clémence hier. Je n’ai pas fait reprendre le refrain comme il se doit à la fin des couplets. C’est le regard sévère et désapprobateur des basses ainsi que leurs gestes comminatoires qui m’ont rappelé à l’ordre! Quant au Rheinberger, il a été tout particulièrement brillant et remarquable de justesse et de nuances en même temps que de profondeur et de vie. Soyez-en félicités. Chanter de façon dispersée nous aide beaucoup. Nous avons cependant un programme assez chargé et plusieurs d’entre vous sont encore assez nouveaux pour être à l’aise dans cette façon de chanter. Mais je crois que cela viendra, et surtout, je remarque et j’entends que certains prennent vraiment de l’assurance avec cette méthode. Tant mieux!

Vous trouverez en ligne sur le site le programme de Noël ainsi que les pistes audio. Il y a un onglet « préparation Noël » dans le menu pistes audio. Merci de bien vouloir aussi renseigner vos présences/absences pour Noël. Nous chanterons ensuite la messe du dimanche 5 janvier. Il n’y aura pas de répétition le jeudi qui précède, mais nous reprendrons des chants de Noël. Nous ferons de même pour la solennité de l’Epiphanie le 12 janvier, même s’il y aura une courte répétition le jeudi 9 janvier.

D’autre part, l’ensemble vocal de Bailly présidé par Vincent Jouanin (le ténor qui nous a aidé en début d’année) projette un petit concert de rue de Noël pour les 14 et 15 décembre. Si certains sont intéressés, ils peuvent joindre Vincent directement : vjouanin@gmail.com

Enfin, je poursuis un peu l’explication du Motu proprio de saint Pie X. Voici le premier paragraphe consacré aux principes généraux :

1. — La musique sacrée, en tant que partie intégrante de la liturgie solennelle, participe à sa fin générale : la gloire de Dieu, la sanctification et l’édification des fidèles. Elle concourt à accroître la dignité et l’éclat des cérémonies ecclésiastiques; et de même que son rôle principal est de revêtir de mélodies appropriées le texte liturgique proposé à l’intelligence des fidèles, sa fin propre est d’ajouter une efficacité plus grande au texte lui-même, et, par ce moyen, d’exciter plus facilement les fidèles à la dévotion et de les mieux disposer à recueillir les fruits de grâces que procure la célébration des Saints Mystères.

Le premier terme sur lequel il faut s’arrêter c’est celui de musique sacrée. Sacré s’oppose à profane, et jusque-là, cela ne pose pas de difficulté. D’ailleurs l’étymologie de profane signifie ce qui est posé devant le temple, c’est-à-dire ne peut pénétrer dans un espace religieux. On comprendra aisément que les chansonnettes n’ont pas leur place à l’église. Mais sacré s’oppose également à religieux. Car il existe des musiques religieuses qui ne sont pas sacrées. Une musique religieuse, c’est une œuvre dont le fond traite du religieux. Cependant, cet adjectif ne suffit pas à en faire une musique sacrée, c’est-à-dire propre aux fonctions liturgiques. Le Requiem de Verdi par exemple est une musique religieuse. Mais pas sacrée. Elle n’a pas sa place dans un office. Le pape développera plus après ce qui caractérise le sacré. Il est cependant important de garder en mémoire la distinction.

Ensuite la musique sacrée est partie intégrante de la liturgie. Il s’agit là d’une expression très forte, car une partie intégrante est une partie requise à la perfection d’un tout. Chaque part d’une tarte est partie intégrante de la tarte. Chaque membre de notre corps est une partie intégrante de ce que nous sommes. Et il y aurait un défaut s’il manquait une partie. La musique sacrée est donc quelque chose d’extrêmement noble puisque la liturgie elle-même la requiert. Nous ne sommes donc pas de simples figurants à l’église, mais nous accomplissons une œuvre d’Eglise, une fonction liturgique, ce n’est pas peu dire. Et comme toute action liturgique, nous devons d’abord viser la gloire de Dieu (et on peut dire que ce doit être l’esprit qui anime toute chorale paroissiale : louer Dieu) et par là nous participons à la sanctification des fidèles. Quelle noblesse, chers choristes, que votre participation à notre chœur. Mais quelle exigence spirituelle aussi, exigence à laquelle je vois bien que vous tendez tous. Deo gratias !

Dernier point soulevé par le pape dans ce si court paragraphe : le texte. Voyez comme il dit que tout dans la musique et son exécution doit être au service du texte. Et c’est normal. Ce qui définit l’homme c’est sa rationalité. C’est donc ce qu’il faut chercher aussi dans l’art et à plus forte raison dans l’art sacré. L’Eglise, en bonne mère et éducatrice, assume tout l’homme : voilà pourquoi la liturgie est si sensible. Mais l’Eglise met de l’ordre : et la sensibilité doit toujours être au service de ce qui est rationnel. Il ne suffit donc pas de chanter, ou même d’éprouver la beauté sensible de ce qui est chanté : la partie sensible ne doit jamais escamoter le texte liturgique qui est chanté. Et si la sensibilité venait à reprendre le dessus, il y aurait un désordre. Désordre qui d’ailleurs s’est introduit largement depuis les réformes du dernier concile. Hélas. Pour nous c’est une exigence que cette compréhension du texte. Et je vous assure que cela s’entend. Un texte chanté n’est pas la même chose qu’un chant bien exécuté. Un enfant peut très bien réciter une poésie. Mais s’il en comprend tout le sens, sa récitation prendra une toute autre tournure : il y aura une âme. De même pour notre propre chant. Prier un texte, c’est mettre une âme à notre chant. C’est la raison pour laquelle j’insiste tant sur le texte et sa signification. Mais je vous assure que j’entends la différence, et tant mieux !

Ces commentaires sont un peu longs par rapport au texte pontifical. Mais on n’imagine pas toujours la densité qui se cache derrière les écrits des papes. Puissiez-vous y trouver un réconfort en même temps qu’une sainte ardeur à toujours tout orienter pour la gloire divine que nous chanterons éternellement! Soyez aussi remerciés de vos efforts à supporter mes radotages.

Avec l’assurance de ma prière reconnaissante et … à ce soir!

Gabriel Billecocq+

Le mot du Maître de Chapelle

Bien chers choristes,

Grand jour que cette fête de sainte Cécile puisqu’elle est la patronne des musiciens. Bonne et sainte fête à chacun d’entre vous. Que sainte Cécile vous rende en grâces spirituelles ce que je suis incapable de vous dire ni de faire pour vous remercier de votre si généreux dévouement. J’ai célébré cette semaine une messe à toutes vos intentions. Que ce soit aussi l’occasion de nous associer à la joie de Benoît et Clothilde Browaeys que nous verrons probablement moins souvent puisqu’une petite Solange est venue enrichir leur foyer. Elle deviendra enfant de Dieu dimanche prochain et souhaitons dans quelques années, choriste enjouée du CSN!

C’est toujours un plaisir de pouvoir prier en vous entendant chanter ; je souhaite que vous puissiez aussi renforcer votre piété par votre propre participation vocale. Plusieurs personnes souhaitent rejoindre notre chœur. Cependant il est important de garder une certaine exigence dans notre pratique musicale. Ce qui fait que je me pose plusieurs questions. Maintenir une exigence reste primordial. D’autre part, il faut aussi assurer l’avenir, c’est-à-dire garder une certaine continuité au chœur au fur et à mesure du temps, et les plus anciens savent comme les choristes viennent et vont, car ainsi en va la vie parisienne. Enfin, il n’y a pas non plus de génération spontanée… La musique s’apprend et nous avons peut-être un rôle à jouer en la matière. Certains ont véritablement progressé en venant au chœur. Voilà pourquoi j’envisage avec frère Jean-Yves de proposer quelques cours de solfège afin d’initier à la musique ceux qui désireraient ensuite nous rejoindre. Nous allons aussi travailler avec Christophe Isabel à ajouter un onglet solfège sur notre site. N’oublions pas que l’Eglise a toujours été la grande éducatrice des peuples, et c’est une belle mission qui nous est confiée. Si vous aviez des idées, n’hésitez pas à me les suggérer.

Noël approche, les recueils sont à votre disposition. Nous allons les travailler petit-à-petit. Je sais bien que plusieurs d’entre vous seront absents. Nous reprendrons l’un ou l’autre en début d’année prochaine. Mais surtout, il est bon que nous les apprenions ensemble afin de faciliter aux nouveaux l’apprentissage. Par ailleurs, venez à chaque répétition avec le Beatus vir et l’Exultate de Hassler. Nous continuerons à les réviser afin de les mémoriser.

A partir du premier dimanche de l’Avent, nous chanterons tous ensemble l’antienne de communion, comme il se faisait certainement à un certain temps. La forme courte de ces antiennes servait de refrain à la foule qui répondait ainsi au chœur qui exécutait des versets entre chaque reprise.

Enfin, je continue un tant soit peu le commentaire de saint Pie X dans son Motu proprio. Voici la fin de la longue introduction.

Nous reconnaissons avec joie et satisfaction tout le bien qui s’est opéré en cette matière au cours de ces dix dernières années, même dans Notre auguste ville de Rome et dans beaucoup d’églises de Notre patrie, mais d’une façon plus particulière chez certaines nations. Là, des hommes remarquables et zélés pour le culte de Dieu, avec l’approbation du Saint-Siège et sous la direction des évêques, ont formé, en se groupant, des Sociétés florissantes et ont pleinement remis en honneur la musique sacrée presque dans chacune de leurs églises et chapelles. Ce progrès, toutefois, est encore très loin d’être commun à tous. Si donc Nous consultons Notre propre expérience et tenons compte des plaintes sans nombre qui, de toutes parts, nous sont parvenues en ce court laps de temps écoulé depuis qu’il a plu au Seigneur d’élever Notre humble personne au faîte suprême du Pontificat romain, Nous estimons que Notre premier devoir est d’élever la voix sans différer davantage pour réprouver et condamner tout ce qui, dans les fonctions du culte et la célébration des offices de l’Église, s’écarte de la droite règle indiquée. Notre plus vif désir étant, en effet, que le véritable esprit chrétien refleurisse de toute façon et se maintienne chez tous les fidèles, il est nécessaire de pourvoir avant tout à la sainteté et à la dignité du temple où les fidèles se réunissent précisément pour puiser cet esprit à sa source première et indispensable : la participation active aux mystères sacro-saints et à la prière publique et solennelle de l’Église. Car c’est en vain que nous espérons voir descendre sur nous, à cette fin, l’abondance des bénédictions du ciel si notre hommage au Très-Haut, au lieu de monter en odeur de suavité, remet au contraire dans la main du Seigneur les fouets avec lesquels le divin Rédempteur chassa autrefois du Temple ses indignes profanateurs.

Dans ce but, afin que nul ne puisse prétexter dorénavant l’ignorance de son devoir, pour écarter toute équivoque dans l’interprétation de certaines décisions antérieures, Nous avons jugé à propos d’indiquer brièvement les principes qui règlent la musique sacrée dans les fonctions du culte et de réunir en un tableau général les principales prescriptions de l’Église contre les abus les plus répandus en cette matière. C’est pourquoi, de Notre propre mouvement et en toute connaissance de cause, Nous publions Notre présente instruction; elle sera le code juridique de la musique sacrée; et, en vertu de la plénitude de Notre autorité apostolique, Nous voulons qu’il lui soit donné force de loi et Nous en imposons à tous, par le présent acte, la plus scrupuleuse observation.

Soyons au moins rassurés qu’en faisant tout pour respecter les lois de l’Eglise, et nous nous y efforçons, nous nous attirons l’abondance des bénédictions du Ciel. N’est-ce pas ce pour quoi nous venons à l’église ? Alors que le Bon Dieu vous comble de ses bénédictions, c’est aussi le vœu que je formule dans mes prières pour chacun d’entre vous!

Gabriel Billecocq+

Le mot du Maître de Chapelle

Bien chers choristes,

Bravo pour ce marathon festif ! Trois jours de suite où il nous a fallu assurer des offices solennels, avec pas mal de chants polyphoniques que nous exécutions pour la première fois. Je pense bien que le Bon Dieu a dû se réjouir de votre assiduité! Plusieurs fidèles me demandent de vous transmettre leur satisfaction : c’est priant et intérieur comme disent la plupart. Une personne m’a dit que nous n’arrêtions pas de progresser : tant mieux, et soyez-en félicités et remerciés. Le grégorien gagne en légèreté et en profondeur, et ce n’est pas un petit progrès!

Certains ont peut-être dû sacrifier des jours à rester sur Paris : le mois de novembre sera plus allégé : profitez-en au maximum! Vous trouverez d’ailleurs en pièce jointe le programme des répétitions jusqu’à Noël. Nous commencerons assez tôt à visionner les chants. Certains seront repris en janvier. Et même si tous ne sont pas là à Noël, il est bon de nous entraider dans l’apprentissage. Je vous joins aussi le programme de Noël. Les recueils sont en cours d’élaboration : tout vous sera imprimé.

Nous commencerons à répéter le Beatus via de Monteverdi. Autre nouveau chant : Exultate de Hassler. Ces chants demandent des divisions que je vous donne (les sopranos 2 ne sont pas des sous-sopranos ou des sopranos nulles: ça n’existe pas dans notre chœur! Idem pour les ténors 2) :

Soprane 1 : Marie-des-Neiges B., Marie-Victoire Ch., Sylvie-Anne L., Lucie M., Marie S.

Soprane 2 : Anna B., Laure-Christelle B., Sylvie B., Clothilde B., Anne-Marie D., Marie Louise M.

Ténor 1 : Martin, Benoît, Christophe

Ténor 2 : frère Jean-Yves, Emmanuel, James, Benoît M.

Enfin, depuis le temps que je vous en parle, je commence avec le document de saint Pie X. C’est le premier document que ce saint pape a publié en tant que pape. C’est assez incroyable que la musique ait une telle place dans la pensée de saint Pie X, mais cela dit bien l’importance de l’art sacré et surtout l’inquiétude du pape face aux déviances. La lettre est écrite sous forme de Motu proprio. Cela signifie par un mouvement propre, de plein gré. Il s’agit d’une initiative personnelle du pape, si l’on peut dire.

L’introduction est longue et fait une bonne page. Voici le premier paragraphe.

Parmi les sollicitudes de la charge pastorale, non seulement de cette Chaire suprême que, par une insondable disposition de la Providence, Nous occupons bien qu’indigne, mais encore de chaque Église particulière, une des principales sans nul doute est de maintenir et de promouvoir la dignité de la maison de Dieu, où se célèbrent les augustes mystères de la religion, et où le peuple chrétien se rassemble pour recevoir la grâce des Sacrements, assister au Saint Sacrifice de l’autel, adorer le très auguste sacrement du Corps du Seigneur, s’unir à la prière commune de l’Église dans la célébration publique et solennelle des offices liturgiques. Rien donc ne doit se présenter dans le temple qui trouble ou même seulement diminue la piété et la dévotion des fidèles, rien qui suscite un motif raisonnable de dégoût ou de scandale, rien surtout qui offense directement l’honneur et la sainteté des fonctions sacrées et qui, par suite, soit indigne de la maison de prière, de la majesté de Dieu.

Saint Pie X manifeste là le premier devoir de tout ecclésiastique et a fortiori de tout pape. Deux choses sont rappelées qu’il convient de bien noter : la liturgie est ordonnée d’abord à la gloire de Dieu et ensuite au salut des âmes. D’abord donc, la majesté divine, la dignité de la maison de Dieu, le respect des mystères sacrés, l’honneur et la sainteté des fonctions sacrées. Ensuite la piété et la dévotion des fidèles ne doit pas en souffrir ni être occasion de scandale comme l’écrit saint Pie X. D’ailleurs la piété des fidèles est ordonnée à la gloire et à l’union à Dieu. On y revient sans cesse!

J’oserai vous dire de façon un peu cruelle qu’avant de nous demander si une oeuvre est belle, il nous faut nous poser la question de savoir si elle est digne de la gloire divine. Cela nous amène à une distinction fondamentale entre ce qui est objectif et subjectif. Vous connaissez la question philosophique posée incessamment au cours du temps de savoir si c’est ce qui est beau qui plaît ou si c’est ce qui plaît qui est beau… Vaste problème! Mais il faut comprendre que nous avons tous quelque chose de subjectif dans nos jugements. C’est normal et ce n’est pas une faute! Mais cela peut nous amener à mal juger ou du moins à fausser parfois nos jugements. D’autant plus qu’il peut y avoir des choses belles qui ne conviennent pas à l’église. Et presque inversement. Combien d’entre nous n’ont-ils pas éprouvé un certain dégoût pour le grégorien qui est pourtant la musique d’église par excellence. Ce dégoût, il est compréhensible, et je dois vous avouer que je l’ai éprouvé quand j’étais (plus) jeune, ne comprenant absolument pas ce qu’il possédait de si transcendant. Et c’est ainsi que s’installent petit-à-petit les désordres dans l’Eglise. D’où ce deuxième paragraphe.

Nous ne parlons pas de chacun des abus qui peuvent se produire en cette matière. Aujourd’hui, Notre attention se porte sur l’un des plus communs, des plus difficiles à déraciner et qu’il y a lieu de déplorer parfois là même où tout le reste mérite les plus grands éloges : beauté et luxe du temple, splendeur et ordre parfait des cérémonies, concours du clergé, gravité et piété des ministres à l’autel. C’est l’abus dans tout ce qui concerne le chant et la musique sacrée. Nous le constatons, soit par la nature de cet art, par lui-même flottant et variable, soit par suite de l’altération successive du goût et des habitudes dans le cours des temps, soit par la funeste influence qu’exerce sur l’art sacré l’art profane et théâtral, soit par le plaisir que la musique produit directement, et que l’on ne parvient pas toujours à contenir dans de justes limites, soit enfin par suite de nombreux préjugés qui s’insinuent facilement en pareille matière et se maintiennent ensuite avec ténacité même chez des personnes autorisées et pieuses, il existe une continuelle tendance à dévier de la droite règle, fixée d’après la fin pour laquelle l’art est admis au service du culte et très clairement indiquée dans les Canons ecclésiastiques, dans les ordonnances des Conciles généraux et provinciaux, dans les prescriptions émanées à plusieurs reprises des Sacrées Congrégations romaines et des Souverains Pontifes, Nos prédécesseurs.

Saint Pie X souligne la difficulté : la musique est sensible, et notre sensibilité a vite fait de prendre le dessus sur la raison puis la vie spirituelle. Notre sensibilité est subjective, c’est indéniable. Mais notre raison tout comme notre vie spirituelle doit être d’abord objective. Si tel n’est pas le cas, vous le comprendrez aisément, on tombe directement dans une raison subjective (c’est l’idéalisme) et une piété de cœur. C’est exactement ainsi que saint Pie X définira le modernisme. L’enjeu n’est donc pas de petite taille… Le pape en est conscient et c’est le but de sa lettre : redonner les principes de jugement pour remettre de l’ordre dans la liturgie. Remettre de l’ordre, c’est-à-dire redonner la prééminence à la gloire des âmes et favoriser la vraie piété des fidèles.

J’espère, chers choristes, ne pas vous avoir assommé ou dégoûté un peu plus d’un lundi ordinaire qui signifie toujours reprise du travail… ni que ces considérations un peu plus philosophique vous feront perdre la joie de nous retrouver jeudi prochain. Malgré cela, soyez bien assurés de mon entier dévouement sacerdotal.

Gabriel Billecocq+